Des dons de sang redonnent espoir à une famille en difficulté

Plus de 20 dons de sang ont été nécessaires pour sauver Sam Walker après qu’elle eut accouché de jumeaux. En souvenir de son fils disparu, elle vient en aide aux futures patientes en recrutant de nouveaux donneurs.

16 juin 2022
Mother holding swaddled baby and kissing his head

Sam Walker embrasse son fils Sutter, né en décembre 2021.

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Sam Walker est extrêmement reconnaissante envers les donneurs de sang qui lui ont sauvé la vie et qui ont redonné espoir à sa famille grandissante à un moment difficile.

En juillet 2020, Sam et son partenaire Chad Lounsbury, déjà parents de quatre enfants, apprennent qu’ils attendent de nouveau un bébé. Une première échographie révèle toutefois un risque élevé de fausse couche. Encore sous le choc, le couple se rend pour une échographie de contrôle la semaine suivante.

« Nous avons eu la surprise d’entendre non seulement un, mais deux battements de cœur bien forts. Il s’agissait de vrais jumeaux », raconte Sam, qui vit à Carberry, au Manitoba, à environ 170 km à l’ouest de Winnipeg. « Le sentiment de surprise initial a ensuite fait place à la joie. »

Malheureusement, le couple allait devoir faire face à de sombres nouvelles. Une consultation avec des spécialistes du Health Sciences Centre (HSC) de Winnipeg a permis d’en apprendre davantage sur les jumeaux à naître qui porteraient respectivement les prénoms de Wylie et Sutter.

Grossesse à haut risque pour une mère et ses enfants à naître.

Les spécialistes diagnostiquent chez Wylie une omphalocèle. Il s’agit d’un état où l’intestin, le foie ou d’autres organes sortent de la cavité abdominale du nourrisson par le nombril, et poussent dans le cordon ombilical. Le couple apprend alors que même si de nombreux bébés atteints de ce diagnostic mènent une vie tout à fait normale après avoir été opérés, certains présentent des problèmes potentiellement mortels.

En octobre 2020, un autre scanner révèle des problèmes pour Sutter, le jumeau de Wylie. On diagnostique chez lui une grave anomalie cardiaque et on découvre qu’il n’a qu’une seule artère dans le cordon ombilical au lieu de deux.

« Nous étions en présence de sévères anomalies génétiques, dit Sam. Selon toute vraisemblance, nos bébés ne survivraient probablement pas après la naissance ».

Sam vivait également une grossesse à haut risque. À 19 semaines, on lui diagnostique un placenta praevia. Il s’agit d’un état où le placenta, l’organe qui nourrit le fœtus, recouvre complètement ou partiellement l’ouverture de l’utérus (col de l’utérus). Dans le cas de Sam, les jumeaux partageaient un seul placenta, qui, en plus de bloquer le col de l’utérus, a commencé à se développer dans la paroi utérine. Il s’agissait-là d’une deuxième complication dangereuse connue sous le nom de placenta accreta. 

Pour sa sécurité et celle des jumeaux, le médecin de Sam lui prescrit du repos au lit à la maison. Cependant, à peine une semaine plus tard, elle doit être transportée d’urgence à l’hôpital en ambulance en raison d’une importante perte de sang liée au placenta praevia.

« Avec quatre autres enfants à la maison, c’était très difficile d’être absente, souligne Sam. Je suis sortie de l’hôpital au bout d’une semaine, en ayant toutefois promis de rester alitée ».

Après un mois d’alitement, Sam doit retourner à l’hôpital. En effet, le sac amniotique de Wylie a éclaté à 24 semaines. Malgré tout, la famille garde espoir, notamment parce que les résultats de certains tests génétiques antérieurs sur le liquide amniotique des jumeaux étaient normaux.

Cependant, peu de temps après, l’état de Wylie s’aggrave. Il présente une maladie rare qui se développe parfois chez les jumeaux partageant un placenta. Ne recevant pas suffisamment d’oxygène et de nutriments, il souffre d’une grave anémie. Comme il a cessé de grandir et qu’il s’est affaibli, les médecins planifient l’accouchement à seulement 27 semaines.

Des transfusions sanguines sauvent la vie d’une mère après un accouchement difficile

La nuit précédant l’opération à Winnipeg, Sam se réjouit à l’idée de voir Chad, après des semaines de séparation dues aux restrictions imposées par la COVID. Peu après le départ de Chad, elle commence à faire une hémorragie vers 22 h 30.

« Bien que tout ait été un peu flou, j’ai gardé de ce moment un souvenir clair », raconte Sam, qui se souvient d’avoir été soudainement entourée par le personnel hospitalier et emmenée d’urgence dans la salle d’opération. « Je me souviens avoir paniqué pour savoir où était mon téléphone. Pendant que je roulais à toute allure dans les couloirs, je l’ai utilisé pour appeler Chad, puis ma mère. »

« La dernière chose dont je me souviens, c’est d’avoir vu le visage rassurant de mon médecin qui m’a dit qu’elle était arrivée à temps et qu’elle était là pour moi. »

Wylie et Sutter sont nés le 22 décembre 2020, à 23 h 02. Malheureusement, Wylie est décédé à 23 h 12, alors que sa mère luttait pour survivre dans la salle d’opération. Elle a failli mourir elle-même après avoir fait un collapsus pulmonaire et une perforation de l’utérus. Elle a ensuite dû subir une hystérectomie d’urgence immédiatement après la naissance des bébés.

Pour survivre, elle a dû recevoir des transfusions de 21 unités de sang. Aujourd’hui, alors même qu’elle continue de pleurer la perte de son fils, Sam tient à exprimer sa profonde reconnaissance aux donneurs de sang.

« Vingt-et-une personnes ont dû donner de leur sang pour que je sois encore en vie aujourd’hui. C’est fou!, dit-elle. Quel cadeau incroyable que de pouvoir donner la vie. »

blood bag icon

Comment faire pour donner du sang?

Pour faire un don de sang ou de plasma (à partir duquel on fabrique des médicaments vitaux), vous devez prendre rendez-vous en ligne ou avec l’application DonDeSang. Pour savoir si vous y êtes admissible, répondez à notre test d’admissibilité

 

Woman in hospital with infant son with breathing tube on her chest

Sam Walker s’est rétablie à l’hôpital tout en passant du temps avec son nouveau-né, Sutter, qui a passé les premières semaines de sa vie aux soins intensifs néonatals. 

Le 23 décembre, le lendemain de l’opération, Sam s’est réveillée seule sous ventilateur dans l’unité de soins intensifs chirurgicaux. Ce n’est que le lendemain, veille de Noël, qu’elle a pu rencontrer et prendre dans ses bras Sutter pour la première fois. Elle a encore dû attendre quelques jours avant de voir Wylie.

« Aussi incroyable que cela puisse sembler, je suis sortie de l’hôpital le huitième jour. J’ai pu rentrer chez moi et tenir Wylie dans mes bras pour la première et dernière fois avant de l’enterrer le soir du Nouvel An 2020. »

Les dons de sang combinés au soutien de la communauté, une source d’espoir 

Sutter est resté 80 jours de plus dans l’unité de soins intensifs néonatals de l’hôpital. C’était une période éprouvante. Sam s’est remise de ses propres complications quasi mortelles tout en apprenant à s’occuper de Sutter, tandis que toute la famille pleurait la perte de Wylie.

Il a ensuite fallu apprivoiser cette difficile nouvelle normalité. Sam et Chad ont été reconnaissants de pouvoir séjourner à Winnipeg au Manoir Ronald McDonald, qui soutient les familles d’enfants devant subir un traitement médical loin de chez eux.

Pendant ce temps, les parents de Sam et la mère de Chad se sont occupés de leurs quatre enfants plus âgés à Carberry, dont leur fils Noah, 10 ans, qui est autiste et qui ne parle pas.

« Je me souviens avoir communiqué avec mes enfants par Facetime depuis l’hôpital. Noah était naturellement inquiet et en colère contre moi, se souvient Sam. Il ne comprenait pas exactement ce qui se passait et pourquoi. L’univers des enfants a été bouleversé.

Le plus douloureux, c’était que je ne pouvais pas remédier à la situation et être avec mes enfants. »

Woman in hospital with infant son with breathing tube on her chest

Les infirmières ont aidé Sam Walker à apprendre à s’occuper de son fils Sutter, notamment à le nourrir à l’aide d’une sonde.

Le couple est très reconnaissant envers tous ceux qui sont intervenus pour aider Noah et toute la famille à ce moment-là. La tante de Chad a organisé une chaîne de préparation de repas et la communauté s’est mobilisée pour fournir des repas chauds et des dons. Les fonds ont permis de couvrir les nombreux frais de la famille pendant que Chad prenait congé de son emploi de directeur des opérations d’un entrepôt de congélation.

Le soutien à domicile a permis à Sam de se concentrer sur sa propre convalescence et de s’occuper de Sutter à l’hôpital.

« Ça a été dur pendant un certain temps, mais le fait d’essayer de faire vivre Sutter à l’unité néonatale de soins intensifs et d’être là tous les jours pour lui a été très motivant et gratifiant et m’a aidée à garder les pieds sur terre et à être présente », dit Sam.

Couple holding infant son

Sam et Chad tenant leur bébé Sutter

Sutter avait besoin d’aide pour respirer, il a donc été branché à une machine à pression positive continue (PPC).

« J’ai eu la chance d’être entourée d’infirmières incroyables qui m’ont appris énormément, dit Sam. Au terme de ma formation, je pouvais réaliser toute la routine de soins moi-même. Je savais comment le positionner, le tourner et l’envelopper et aussi comment déconnecter et reconnecter les tubes de ventilation de son appareil à PPC dans son berceau, de sorte que je n’avais pas à demander à le prendre et à le coucher. Le fait de faire des choses pour lui a été très bon pour ma santé mentale ». 

« Deuil et partage peuvent être étroitement liés »

Family on a bench on a sunny winter day

Sam et Chad avec leurs enfants, posant pour une photo des Fêtes à la fin de 2021.

Toute la famille s’est retrouvée à Carberry en mars 2021. Les examens et les traitements se sont enchaînés. Les trajets jusqu’à Winnipeg ont été nombreux, mais Sam est physiquement remise de son épreuve et Sutter est un bambin de 17 mois heureux et en bonne santé.

« Il va très bien, dit Sam. Il est le centre d’attention de toute la maisonnée en ce moment. Ses frères et sœurs l’adorent et c’est le plus heureux des petits gars. »

La famille s’attendait à ce que Sutter ait besoin de subir des contrôles réguliers de sa tension artérielle et de prendre des médicaments pour le reste de sa vie, mais elle a pu célébrer sa dernière dose à peu près au moment de son premier anniversaire en décembre.

Baby on chair in front of orange balloons and painted rainbow

Sutter a fêté son premier anniversaire en décembre 2021. 

Sam redonne également à la communauté qui a soutenu sa famille pendant des mois.

« J’ai découvert qu’il peut y avoir un lien étroit entre le deuil et le partage, explique-t-elle. Je suis de plus en plus occupée et je m’investis dans plein de choses. Je fais autant de bénévolat que je le peux. »

En décembre dernier, la famille s’est jointe au projet Love For Littles, qui soutient les familles dont les nouveau-nés sont en soins intensifs néonatals. Ils ont fait don de livres à l’unité de soins intensifs néonatals de l’hôpital de Brandon, au Manitoba, à la mémoire de Wylie et en l’honneur de Sutter.

Sam a également participé aux efforts visant à financer et à construire une aire de jeux d’eau à Carberry. Chad et Sam aident également la mère de Chad, qui préside un comité de secours ukrainien dans la communauté. Et deux fois par mois, Sam se rend à Winnipeg pour participer bénévolement aux réunions du groupe de soutien par les pairs à l’USIN où Sutter a passé ses premiers jours.

« Je peux partager avec d’autres parents qui vivent des situations similaires et qui sont coincés là où nous étions il n’y a pas si longtemps. Je peux prendre de leurs nouvelles et les écouter », dit-elle.

De plus, elle a travaillé avec le personnel de l’hôpital afin d’améliorer les choses pour les parents qui perdront leur nouveau-né. Il était déchirant pour Sam de ne pas pouvoir tenir Wylie dans ses bras quand elle était à l’hôpital.

« C’était vraiment dur de ne pas pouvoir passer du temps avec Wylie à l’hôpital, raconte Sam. J’ai donc fait part de mon expérience au Health Sciences Centre de Winnipeg, dans l’espoir d’aider les mamans confrontées à des situations similaires. »

Le résultat a été très positif.

« J’ai reçu un appel très émouvant du Health Sciences Centre m’informant qu’ils avaient mis en place des "lits de câlins", raconte Sam. Ces lits sont placés à côté du lit de la mère pour les parents qui ont perdu un bébé, ce qui leur permet de garder le bébé près d’eux, de partager du temps et d’avoir la chance de le tenir et de s’en occuper. Dorénavant, aucune mère n’aura à vivre une telle situation. »

« Il n’y a pas de mots pour décrire ce que j’ai ressenti. »

Les donneurs de sang font « le plus incroyable des cadeaux ».  

Sam s’est également inscrite au registre de donneurs de cellules souches en espérant pouvoir un jour fournir des cellules souches vitales à un patient dans le besoin.  

« J’ai été très émue d’apprendre que je pouvais encore donner des cellules souches après avoir reçu moi-même du sang, dit-elle. J’ai l’impression que toutes ces actions me permettent d’exprimer mon amour pour Wylie et de lui rendre hommage. Mon fils n’a peut-être vécu que très peu de temps, mais il a eu un impact sur nous tous. Il m’a transformée. »

Après avoir eu la vie sauvée par des donneurs de sang, Sam est devenue une ardente défenseure du don de sang.

« C’est grâce aux donneurs de sang que des gens comme moi peuvent voir leurs enfants grandir. C’est le plus beau cadeau qui soit », dit-elle.

En février, Sam a raconté son histoire dans le cadre du radiothon « Fill the Seats » de la Société canadienne du sang au Manitoba, et elle continue d’explorer d’autres possibilités d’appuyer la Société canadienne du sang.

« J’aimerais vraiment organiser une collecte de sang en l’honneur de Wylie, dit-elle. J’en ai parlé à ma famille et à mes amis. Certains veulent devenir donneurs de sang, et d’autres qui donnent déjà du sang sont enthousiastes à l’idée de venir nous aider. »

Comme beaucoup de gens, Sam n’avait jamais donné de sang avant d’en avoir elle-même besoin. Cependant, elle admirait depuis longtemps ses grands-mères, toutes deux des habituées du don de sang.

« Je me souviens qu’encore très jeune, je les accompagnais quand elles donnaient du sang et que je me promettais de faire de même un jour, se souvient Sam. Or, le temps passe et on finit par oublier de prendre rendez-vous. Avant d’avoir l’occasion de donner du sang, j’en ai eu moi-même besoin. »

Au Canada, une personne sur deux pourrait donner du sang, du plasma ou des plaquettes, mais seulement une sur 81 le fait.   

Sam exhorte les autres à ne pas attendre pour prendre rendez-vous pour leur premier don de sang.

« Prenez cinq minutes de plus dans votre journée et faites-le, dit-elle. Si un de vos proches n’a pas encore eu besoin de produits sanguins, cela ne saurait tarder. Une personne suffit pour faire bouger les choses. » 

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