Un adolescent déjà sauvé plus de deux cents fois par des dons de sang

La maladie d’Eric empêche son corps de fabriquer des globules rouges. Chaque transfusion lui offre un mois de vie en plus.

28 mars 2022
Un garçon portant des écouteurs et un masque, dans un couloir d’hôpital pendant une transfusion

Depuis sa naissance, Eric doit la vie aux donneurs de sang, et il en sera ainsi toute sa vie.

Eric est un élève de neuvième année qui vit à Toronto, en Ontario. Il se décrit comme introverti et passionné du jeu Donjons et Dragons. Il y a quinze ans, lorsque Daphne Flint-Polo a accouché par césarienne, les médecins ont tout de suite su que quelque chose n’allait pas. Son taux d’hémoglobine — la protéine des globules rouges qui transporte l’oxygène jusqu’aux organes et aux tissus — était extrêmement faible. Il a immédiatement fallu lui faire une transfusion.


Eric est du groupe sanguin A positif, mais le sang qu’il a reçu pour ses premières transfusions était O négatif. En effet, ce sang peut être transfusé à n’importe quel patient lorsque la situation est trop urgente pour que l’on puisse vérifier son groupe sanguin. (Même lorsqu’il ne s’agit pas d’une urgence, de nombreux hôpitaux canadiens transfusent exclusivement du sang de type O négatif et O positif aux bébés de moins de quatre mois.)

Depuis cette première transfusion sanguine, Eric en a eu des centaines d’autres à cause d’une maladie potentiellement mortelle, l’anémie de Blackfan-Diamond.

« Le sang d’Eric ne produit pratiquement pas de globules rouges », explique Daphne.

Non seulement cette maladie rare du sang réduit la capacité de la moelle osseuse à produire des globules rouges, mais elle peut aussi causer des anomalies physiques (fente palatine, problèmes oculaires et cardiaques).

La gravité de la maladie varie d’un patient à l’autre. Chez certains, un traitement aux corticostéroïdes peut être efficace, mais Eric a besoin de transfusions sanguines une fois par mois environ, parfois plus souvent. Chaque visite à l’hôpital dure une journée entière. Comme le traitement entraîne une accumulation de fer dans son corps, il passe ses nuits branché à une pompe spéciale qui élimine le fer — une procédure appelée chélation.

Le sang O négatif, un produit précieux qui sauve des vies

« Les donneurs de sang sont nos héros »

Bébé, Éric ne recevait qu’une portion d’unité de sang à chaque visite. Aujourd’hui, on lui transfuse deux unités et la quantité augmentera au fur et à mesure qu’il vieillira. Il passe de longues heures à l’hôpital avec son iPad.

« J’aime l’histoire romaine, mais aussi les Youtubeurs et les balados qui parlent d’histoire », confie-t-il.

Avant une transfusion sanguine, il est généralement très fatigué, et il lui faut plusieurs jours pour se sentir mieux par la suite.

« Ces choses-là prennent du temps, dit-il prosaïquement. Je suis reconnaissant à l’égard des donneurs de sang. C’est grâce à eux que je suis en vie. »

« Les donneurs de sang sont vraiment nos héros, renchérit Daphne. Je suis émue à chaque fois que j’en parle. Sans eux, Eric n’aurait pas survécu au-delà de quelques semaines. Il a probablement reçu plus de deux cents transfusions sanguines; on peut dire qu’il a été sauvé par plus de deux cents personnes. »

« Chaque transfusion nous offre un mois de plus avec lui. Un mois de plus pour que je profite de mon fils et ma fille, de son frère, et un mois de plus où Eric peut vivre et rire, et faire l’expérience de la vie. »

Grâce aux personnes qui donnent à la Société canadienne du sang, Eric peut aussi s’imaginer un futur et envisager ses options de carrière après le secondaire.

« Si je ne peux pas travailler dans la conception de jeux, je veux faire quelque chose qui a trait à l’histoire romaine », déclare-t-il.

Chaque don de sang est synonyme d’espoir pour les patients et leurs familles

En tant que mère d’un enfant ayant une maladie rare, Daphne est souvent en contact avec des familles à l’étranger qui sont elles aussi touchées par l’anémie de Blackfan-Diamond. Les États-Unis ont récemment connu une grave pénurie de sang qui l’a beaucoup préoccupée, car les transfusions sanguines des enfants vivant avec ce type d’anémie devaient être reportées.

Daphne sait que pour Eric, un retard, aussi minime soit-il, entraînerait un épuisement ainsi que de fortes douleurs causées par des crampes musculaires.

« Je ne peux pas imaginer devoir lui dire qu’il recevrait du sang bientôt, sans savoir exactement quand. Ce serait affreux », dit-elle.

Heureusement, grâce à l’incroyable générosité des donneurs de sang tout au long de la pandémie, le Canada a évité les pénuries de sang, contrairement aux États-Unis. Nous savons toutefois qu’il est plus important que jamais de trouver de nouveaux donneurs de sang et de plasma pour continuer à répondre aux besoins des patients.

Les donneurs de sang répondent présent, encore et encore

Daphne a fait son premier don de sang en mars 2022. Elle n’était pas admissible au don de sang pendant une bonne partie de sa vie, car elle pesait moins de 50 kilos, le poids minimal exigé. Charlotte, la sœur d’Eric, espérait pouvoir faire un don en même temps, mais son taux d’hémoglobine était trop bas le jour du rendez-vous. Elle a bien l’intention de réessayer en juin.

Charlotte étant du groupe sanguin A positif, elle et Daphne aiment à croire qu’Eric pourrait recevoir du sang de sa propre sœur. Quant à Daphne, elle est du groupe O négatif et elle se réjouit à l’idée d’être « donneuse universelle ». Ses dons pourraient en effet servir à des patients dont la vie est en danger, comme c’était le cas pour son fils après la naissance.

Woman donating blood holds sign that says “Eric” with daughter next to her.


Daphne Flint-Polo, ici avec sa fille Charlotte, a fait son premier don de sang en mars 2022.

Quand elle se remémore les premières heures d’Eric, Daphne repense aussi aux médecins qui lui ont dit qu’Éric ne survivrait probablement pas. Pourtant, même à ce moment-là, elle avait la certitude qu’il s’en sortirait. Grâce aux donneurs de sang, Eric lui a donné raison à de multiples reprises. Ils étaient là pour lui lors de ses visites régulières à l’hôpital pour les transfusions, mais aussi lors des interventions chirurgicales rendues nécessaires par sa maladie.

Ce parcours difficile a aussi permis à Daphne de se rendre compte de la formidable puissance et bienveillance de la communauté, que ce soit les membres du groupe de mamans et bébés de son quartier qui lui ont préparé des repas pendant plusieurs mois après la naissance d’Eric, ou les donneurs de sang de la chaîne de vie du Canada qui répondent toujours présent aujourd’hui.

« Comment remercier une personne qui sauve votre enfant? s’interroge-t-elle. Ce sont des personnes précieuses. Elles nous sont très chères. »

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