Trois générations de femmes donnent un nouveau sens à l’expression « être de même sang »

Une femme, sa mère et sa grand-mère partagent un lien privilégié entre elles, et avec la chaîne de vie du Canada.

Inspiration
6 mai 2021
Image of 3 generations of women, mother, daughter and grandmother

De gauche à droite : Brenda, donneuse de sang; Julia, employée et donatrice; et Vicki, receveuse de sang et ancienne donneuse. (photo prise avant la pandémie)

1958. Vicki Mills a dix-neuf ans. Elle vit en Saskatchewan et vient de décrocher son premier emploi dans un commerce local. Elle apprend que son employeur souffre d’une maladie chronique et doit recevoir des transfusions sanguines régulièrement. Souhaitant l’aider, elle rallie des collègues et tous vont donner du sang.

« Je me sentais tellement bien après ce premier don! J’ai décidé que j’irais aussi souvent que je pourrais, se souvient-elle. Je savais que mes dons n’iraient peut-être pas directement à mon patron, mais je me suis dit que si je pouvais aider ne serait-ce qu’une personne, ce serait déjà super. »

Ce don de sang est le premier contact de Vicki avec le système du sang du Canada, mais ce sera loin d’être le dernier. Par la suite, elle profite souvent de son heure de lunch pour aller donner du sang. Pour elle et sa famille, c’est le début d’une longue histoire avec la chaîne de vie du Canada.

Retour d’ascenseur

Vicki continue de donner du sang plus ou moins régulièrement pendant sa jeune vingtaine, jusqu’au jour où elle fait une fausse couche et a elle-même besoin de transfusions.

Le fait d’être celle qui reçoit, et non plus celle qui donne, solidifie son engagement à continuer de donner du sang. « J’ai réalisé que c’était encore plus important que je le croyais, expliquetelle. Je me suis demandé ce qui serait arrivé s’il n’y avait pas eu de sang pour moi. » Vicki se fait alors la promesse de donner du sang le plus souvent possible.

Elle s’inscrit en outre au registre de don d’organes et de tissus.

Fidèle à sa parole, Vicki donne du sang régulièrement de la fin des années 60 jusqu’en 2007, année où elle subit une opération à cœur ouvert. Une fois de plus, elle passe de donneuse à receveuse; elle a besoin de transfusions pour faciliter son rétablissement.

Malheureusement, cette fois-ci, l’intervention marque la fin de son long parcours de donneuse, car elle doit prendre un médicament qui l’empêche de donner du sang.

L’abc de l’admissibilité

La déception de Vicki fait place à une grande joie lorsque sa fille, Brenda, lui apprend qu’elle reprend le flambeau.

D’une génération à l’autre

Comme ce fut le cas pour sa mère, Brenda Deacon a commencé à donner du sang pour une raison personnelle — pour plusieurs raisons, en fait.

Quelques années après la chirurgie cardiaque de sa mère, en août 2011, Brenda perd sa demisœur, qui succombe à un cancer de l’estomac. Quelques jours plus tard, Vicki est victime d’un accident vasculaire cérébral.

Jeune, Brenda voyait ses parents aller donner du sang régulièrement. Elle voulait suivre leur exemple, mais n’a « jamais pris le temps; je n’ai aucune excuse », dit-elle.

Voyant les malheurs s’abattre sur sa famille, Brenda estime qu’il est plus que temps de passer à l’action. À 51 ans, elle fait son premier don de sang et rattrape le temps perdu.

« Depuis, je vais donner aussi souvent que je peux. Je n’en reviens pas à quel point il est facile d’aider à sauver des vies, lance-t-elle. Je viens de faire mon 37e don. Ça prouve qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire! »

Lorsque Brenda a commencé à donner du sang, en 2011, sa fille, Julia, a elle aussi voulu rejoindre la chaîne de vie qui unissait les deux femmes les plus importantes de sa vie. Cependant, à l’époque, les personnes souffrant d’un diabète de type 1 — comme c’est le cas de Julia — ne pouvaient pas donner de sang. (Avant mars 2021, les diabétiques de type 1 ne pouvaient donner ni sang ni produits sanguins (article en anglais).)

« J’étais déçue, avoue Julia. Je suis très proche de ma mère et j’aurais aimé faire ça avec elle. Il m’arrive aussi de penser que si ma grand-mère n’avait pas reçu de transfusions chaque fois qu’elle en a eu besoin, je serais passé à côté de quelque chose. Je ne peux pas imaginer ce que serait ma vie sans elle. »

La connexion à la chaîne de vie qu’elle souhaitait partager avec sa mère et sa grand-mère a fini par prendre forme en 2019 : Julia est alors entrée au service de la Société canadienne du sang. Elle y a notamment découvert qu’elle pouvait poursuivre la tradition familiale d’une autre manière : en faisant des dons en argent.

« Depuis que je travaille ici, j’ai appris qu’il y a toutes sortes de façons de soutenir les patients. Je n’avais jamais réalisé qu’il y avait autant de possibilités, souligne-t-elle. Il s’agit simplement de choisir l’option qui nous convient le mieux, et pour moi, c’était les dons en argent. »

En quoi les dons en argent aident-ils les patients?

« En devenant donatrice, je fais le pont entre les patients et les produits sanguins dont ils ont besoin, explique Julia. Et cette connexion avec la chaîne de vie renforce aussi mon lien avec ma mère et ma grand-mère. »

Boucler la boucle

Pour la première fois, les femmes des trois générations sont liées à la chaîne de vie du Canada en même temps : Julia en tant qu’employée et donatrice; Brenda comme donneuse de sang et Vicki comme receveuse de sang et ancienne donneuse.

L’année suivante, Vicki fait une chute et se fracture le bassin. Elle a de nouveau besoin de transfusions sanguines. Le lien que partagent les trois femmes à travers la chaîne de vie est plus fort que jamais.

« Voir ma grand-mère recevoir des transfusions ne nous a pas fait le même effet qu’à sa première hospitalisation, il y a dix ans, observe Julia. Cette fois-ci, ma mère et moi n’avions pas aussi peur parce que nous savions que les transfusions la garderaient en vie. »

« Ça faisait du bien de savoir qu’on contribuait à ce qu’il y ait toujours des produits sanguins de disponibles pour elle, et pour tous les autres patients qui en ont besoin. »

Un an plus tard, en mars 2021, Vicki est complètement rétablie, en partie grâce aux transfusions sanguines qu’elle a reçues.

À la même période, Julia apprend une nouvelle fort réjouissante : les gens atteints d’un diabète de type 1 pourront désormais donner du sang. Ainsi, la jeune femme pourra suivre l’exemple de sa mère et de sa grand-mère et donner du sang en plus de faire des dons en argent.

Les Canadiens atteints d’un diabète de type 1 maintenant admissibles au don de sang

En raison de modifications que Santé Canada vient d’apporter aux critères d’admissibilité au don de sang, les personnes atteintes d’un diabète de type 1 peuvent maintenant donner du sang. Le changement était appuyé par Diabète Canada, la Société canadienne du sang et Edward Robertson, défenseur des droits des diabétiques.

Auparavant, seuls les diabétiques de type 2 qui géraient leur maladie en suivant un régime alimentaire approprié et en prenant des médicaments autres que l’insuline, ou des doses d’insuline stables, pouvaient donner du sang; les diabétiques de type 1 n’étaient pas admissibles au don de sang.

Aujourd’hui, tant les diabétiques de type 1 que ceux de type 2 prenant de l’insuline sont acceptés, à condition de ne pas avoir eu de crise de diabète dans les trois mois précédant le don de sang.

Pour en savoir plus, lire l’abc de l’admissibilité.

« Donner du sang est quelque chose que j’ai toujours voulu faire, en autant que ma santé me le permette », précise Julia.

La jeune femme attend avec impatience le jour où elle pourra faire son premier don de sang et sourire à sa mère dans le fauteuil d’à côté. Il va sans dire que sa grand-mère sera au téléphone afin que les trois femmes vivent ensemble ce moment privilégié.

De son côté, Vicki est remplie de fierté : « Je suis fière de l’aide que j’ai pu apporter en donnant du sang et je suis heureuse d’avoir été transfusée. Je suis aussi très fière que Brenda et Julia poursuivent ce que je ne peux plus faire moi-même. »

Pour la fête des Mères, rendez hommage à une femme que vous aimez en contribuant à sauver des vies de la façon qui vous convient : faites un don en argent, prenez rendez-vous pour donner du sang, inscrivez-vous au registre de donneurs de cellules souches ou officialisez votre consentement au don d’organes et de tissus.

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