Pour vaincre la leucémie, Adam Coletta a reçu deux greffes de cellules souches, plus des transfusions de sang et de plaquettes.
Adam Coletta n’oubliera jamais cette semaine-là. C’est la semaine où il a appris que sa femme, Natasha, était enceinte de leur premier enfant, un moment émouvant, car le couple espérait agrandir sa famille depuis déjà un certain temps. C’est aussi la semaine où il a reçu une nouvelle angoissante concernant sa propre santé.
Des analyses sanguines avaient révélé que son nombre de globules blancs était anormalement élevé. Le diagnostic de cancer du sang n’a pas tardé à tomber. La nouvelle avait de quoi ébranler l’enthousiasme qu’il avait ressenti trois jours plus tôt.
« Cette semaine-là, je me suis senti à la fois heureux et terrorisé. Ils [les spécialistes] m’ont dit que la meilleure option pour traiter ma leucémie lymphoblastique aiguë était une chimiothérapie agressive, mais qu’au bout du compte, il me faudrait une greffe de cellules souches, raconte Adam. L’équipe médicale allait donc devoir me chercher un donneur compatible. »
Ainsi a commencé le combat d’Adam contre une maladie potentiellement mortelle. Heureusement, les donneurs de sang et de plaquettes, ainsi que deux donneurs de cellules souches, lui ont fourni les armes nécessaires pour s’en sortir. Grâce à eux, il est encore en vie pour voir grandir sa fille, aujourd’hui âgée de cinq ans, et pour encourager les personnes admissibles à rejoindre la chaîne de vie du Canada.
Un double cadeau de vie
Les cellules souches, plus particulièrement les cellules souches sanguines, sont des cellules immatures qui peuvent se transformer en n’importe quelle cellule circulant dans le sang. La greffe de cellules souches est utilisée pour traiter plus de 80 maladies. En ce moment même, des centaines de personnes au Canada attendent ce traitement. Le registre canadien de donneurs de cellules souches, tout comme les autres registres similaires dans le monde, permet de jumeler des candidats au don compatibles avec des patients ayant besoin d’une greffe.
Il arrive qu’un membre de la famille soit compatible, mais c’est plus souvent l’exception que la règle. Dans le cas d’Adam, sa mère et sa sœur ont toutes deux passé un test de compatibilité. Sa mère était la plus compatible des deux et a poursuivi la démarche; elle a fait son don de cellules souches au début de 2018. Comme la plupart des donneurs, elle a suivi un processus non chirurgical similaire au don de plaquettes ou de plasma (qui sont des composants du sang).
Grâce au don de sa mère, Adam a pu accueillir dans le monde sa fille adorée, Marquesa. Parfaitement conscient que la plupart des gens en attente d’une greffe n’ont pas la chance d’avoir un donneur compatible au sein de leur famille, le futur papa était extrêmement reconnaissant de ce don porteur d’espoir.
« Il n’y a rien qu’un parent ne ferait pas pour son enfant. Je l’ai constaté avec ma mère et c’est quelque chose que je comprends maintenant que je suis papa », dit Adam.
Alors qu’il apprivoisait sa nouvelle vie de famille et reprenait sa carrière dans une grande banque, Adam a appris que le cancer était revenu.
À la recherche d’un nouveau donneur
Cette rechute signifiait qu’Adam devait subir une nouvelle greffe de cellules souches. Pour obtenir les meilleurs résultats possibles, ses médecins ont dit qu’il valait mieux trouver un donneur extérieur à sa famille et donc se tourner vers le Registre de donneurs de cellules souches de la Société canadienne du sang.
Plusieurs scénarios peuvent se produire pendant la période précédant la greffe. Dans certains cas, l’attente est prolongée parce que l’équipe de greffe estime que l’organisme du patient n’est pas prêt pour l’intervention. Dans d’autres, le patient doit attendre parce qu’il est impossible de rejoindre le donneur identifié (c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous demandons aux personnes inscrites au registre de nous informer de tout changement de coordonnées). Et il arrive aussi que le patient doive patienter parce que le registre ne contient aucun donneur compatible.
« Mes racines [ethniques] ne sont pas si complexes, alors je pensais naïvement qu’il serait assez simple de trouver un donneur compatible dans le registre, mais je me trompais; j’ai quand même dû attendre un certain temps, raconte Adam. C’était stressant. Nous commencions à nous demander ce que nous allions faire en attendant la greffe. »
Pour compliquer les choses, Adam souffrait en outre d’une malformation cardiaque, la bicuspidie valvulaire. Il a donc subi une opération pour remplacer la valve aortique par une valve mécanique, ce qui l’oblige à prendre des médicaments anticoagulants pour le restant de ses jours.
Adam a dû recevoir des globules rouges et des plaquettes pendant sa chimiothérapie, puis pendant sa préparation à la greffe et son rétablissement. Il estime qu’au bout du compte, il a reçu plus d’une centaine de traitements impliquant des composants sanguins. Pendant certaines périodes, il recevait des transfusions tous les jours.
« Imaginez si l’hôpital avait été à court de produits sanguins. Il n’aurait plus manqué que ça! Je ne sais pas ce que j’aurais fait. Heureusement, grâce aux donneurs, cela n’est jamais arrivé »,
« J’aurais manqué les plus beaux chapitres de ma vie. »
Quand votre vie est en jeu, l’attente d’une greffe de cellules souches, même courte, semble être une éternité. Adam est incroyablement soulagé lorsqu’il apprend qu’il peut recevoir une deuxième greffe.
« Le jour où j’ai appris qu’un donneur de cellules souches était compatible avec moi à 9/10, c’était comme si quelqu’un m’avait jeté un gilet de sauvetage pour m’empêcher de me noyer », se souvient-il.
Néanmoins, le rétablissement après cette deuxième greffe a été une longue épreuve, qu’Adam a surmontée en partie en décrivant son expérience dans l’espoir que ses écrits, dont un blogue, aideraient d’autres personnes devant composer avec un diagnostic de cancer du sang ou une greffe de cellules souches.
Sa lutte contre le cancer, qui aura duré quatre ans, lui a fait réaliser à quel point le temps est précieux. Il a aussi pris conscience de l’importance des donneurs.
« Sans eux, je n’aurais jamais connu ma fille, je ne l’aurais jamais accompagnée à la maternelle et je n’aurais jamais assisté à un spectacle de danse. J’aurais manqué les plus beaux chapitres de ma vie. »