Le plasma de convalescents est un traitement inefficace pour les patients atteints de la COVID19
En bref ...
Le plasma de convalescents de la COVID-19 ne montre aucun bénéfice en tant que traitement pour les patients hospitalisés du fait de la COVID-19.
Comment les chercheurs ont-ils procédé?
Soixante-douze hôpitaux au Canada, aux États-Unis et au Brésil ont inclus 940 patients dans cette analyse, avec un recrutement respectif de 796, 134 et 10 patients. Le plasma de convalescents a été recueilli auprès de donneurs présentant un diagnostic préalable de COVID-19 documenté par un test PCR et n’ayant aucun symptôme depuis au moins 14 jours avant le premier don. Sachant que leur plasma contenait des anticorps contre le SARS-CoV-2, l’hypothèse était que le PCC pourrait améliorer la réponse immunitaire des patients contre la maladie. Dans cet essai, les patients ont été répartis de manière aléatoire pour recevoir soit environ 500 ml de plasma d’un seul donneur, soit deux unités de 250 ml de plasma provenant d’un ou deux donneurs. L’essai avait pour principal objectif de déterminer l’effet du PCC sur les taux de décès et d’intubation pendant les 30 jours de l’étude.
Quelles sont les conclusions de l’étude?
Les investigateurs de l’étude n’ont pas constaté de baisse des décès ou des intubations chez les patients recevant le PCC. De faibles taux d’anticorps dans le PCC ont, semble-t-il, été plus préjudiciables pour les patients que la norme de soins (pas de PCC). Sachant que chaque donneur possède un profil d’anticorps unique, les dons de PCC présentaient des niveaux variables d’anticorps. Par conséquent, l’effet du PCC était différent sur chaque patient. L’équipe de recherche a émis l’hypothèse que l’incidence supérieure d’événements indésirables graves observée dans le groupe de patients recevant le plasma de convalescents par rapport au groupe recevant la norme de soins était due à des profils d’anticorps défavorables (faibles niveaux d’anticorps ou anticorps peu efficaces). Dans la plupart des cas, ces événements indésirables graves ont inclus une aggravation de l’hypoxémie et une insuffisance respiratoire constatées par l’équipe de recherche clinique pendant les 30 jours de l’étude.
Comment utiliser les résultats de cette étude?
Les résultats de cette étude ne viennent pas appuyer l’utilisation de PCC en tant que traitement contre la COVID-19 en dehors du contexte d’essais cliniques. De plus amples recherches sont nécessaires pour définir les profils d’anticorps défavorables et leur interaction concurrentielle avec le patient. Le PCC pourrait éventuellement être bénéfique pour des patients présentant certains profils immunitaires. Étant donné que par nature, le PCC entre en concurrence avec la propre réponse immunitaire des patients, il pourrait être avantageux d’utiliser le PCC chez des patients immunodéprimés qui ne peuvent pas produire eux-mêmes d’anticorps. De plus amples recherches à ce sujet nous permettront d’améliorer notre compréhension des risques et bénéfices potentiels du PCC dans certaines populations de patients. Des résultats sont attendus pour guider la pratique et les stratégies cliniques à l’échelle internationale, notamment dans les pays présentant une faible vaccination contre la COVID-19 et peu de traitements disponibles. Au-delà de la COVID-19, les concepts acquis grâce aux études sur le PCC devraient servir de modèles pour de futurs essais cliniques.
À propos de l’équipe de recherche
Cette étude a été dirigée par Donald Arnold, professeur de médecine à l’Université McMaster; directeur du McMaster Centre for Transfusion Research (MCTR), Jeannie Callum, professeure de pathologie et de médecine moléculaire à l’Université Queen’s et responsable du programme de recherche en transfusion QUEST à l’Université de Toronto, et Philippe Bégin, clinicien-chercheur au CHUM et au CHU Sainte-Justine et professeur agrégé à l’Université de Montréal.
Le contenu du présent concentré de recherche est tiré de la publication suivante
Bégin, P., Callum, J., Jamula, E. et al. Convalescent plasma for hospitalized patients with COVID-19: an open-label, randomized controlled trial. Nat Med (2021). https://doi.org/10.1038/s41591-021-01488-2
Rédaction : Ce Concentré de recherche a été rédigé par Dimpy Modi, analyste de recherche, Centre des sciences de la santé Sunnybrook, programme de recherche en transfusion QUEST de l’Université de Toronto.
Remerciements : Le MCTR ainsi que le programme de recherche en transfusion QUEST bénéficient du soutien financier de la Société canadienne du sang (bourse de soutien au programme de recherche en médecine transfusionnelle), financée par le gouvernement fédéral (Santé Canada) et les ministères provinciaux et territoriaux de la santé. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement celles de la Société canadienne du sang ou des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux du Canada.
Mots-clés : COVID-19, plasma de convalescents, médecine transfusionnelle, hématologie, essais cliniques, banque de sang
Vous voulez en savoir plus? Communiquez avec la Dre Jeannie Callum, Jeannie.callum@kingstonhsc.ca.
Le bulletin Concentré de recherche est un outil de mobilisation des connaissances élaboré par le Centre d’innovation de la Société canadienne du sang. Offert sur sang.ca.